Donc tout le monde a entendu dire que Grimsvatn a explosé. Hey bien, Frank et moi ne le savions pas jusqu’à ce matin. La raison est simple, nous avons soupé tard et étions fatigués parce que nous avions monté deux montagnes et avons préféré écouté des how I met your mother.
Ce matin, quand nous nous sommes levés. Il faisait noir. Mais vraiment noir. Et ici en Islande, il ne fait jamais noir. Beaucoup trop noir pour que ce soit une tempête. Et il ne pleuvait pas. Bref, je suis allée voir la fille au comptoir pour lui demandé qu’est-ce qui se passait. Elle m’a répondu qu’il s’agissait d’un nuage de cendre, mais de la vieille cendre, pas une éruption. À posteriori, je ne suis pas certaine qu’elle m’avait bien comprise. On nous a dit de ne pas nous inquiéter, qu’à midi cela serait terminé.
Nous sommes donc allés déjeuner. Et là tout le monde paniquait un peu. Il y avait une police qui n’avait pas vraiment plus d’information, outre que le nuage couvrait jusqu’à 12 km en dehors de la ville. Aucun islandais ne semblait inquiétés… mais les touristes oui.
À ce moment, j’ai pris mes courriels et c’est grâce à Catherine que j’ai appris qu’il y avait eu une éruption pas très loin de l’endroit ou nous étions. Ce qui changeait un peu la donne. Donc nous avons tenté de trouver plus d’information avec peu de succès. Les deux options qui s’offraient à nous étaient d’attendre que la cendre tombe (mais personne ne pouvait nous dire combien de temps cela pouvait prendre) ou tenter notre chance en auto pour sortir du nuage (le risque étant bien sûr que le moteur s’étouffe et que l’on reste pris sur la route dans une explosion volcanique). Comme un groupe italien désirait quitter (incluant un médecin et deux caméraman un peu trop intenses), nous avons décidé de les accompagner. De toute façon, il était impossible de continuer vers l’est.
J’ai rapidement pris deux masques dans la réserve, nous avons fait nos valises et sommes embarqué dans la voiture. En fait, ce n’était pas si simple que ça. On ne voyait pas les choses à plus de 2 mètres, 5 si c’était une lumière. La cendre volcanique, ça brûle les yeux, ça brûle la peau et ça s’infiltre partout. Je me suis perdue en me dirigeant vers l’auto.
Nous avons ensuite amorcé notre long périple pour couvrir les 15 km vers l’ouest. On voyait les lumières de l’auto d’en avant, c’était tout. Il fallait garder le chauffage au maximum et la circulation en interne pour éviter l’accumulation de cendre dans le moteur. 2 minutes après le départ, Frank avait mal au cœur (à cause de la chaleur), mais on ne pouvait pas baisser le chauffage, ni la ventilation et s’il avait eu à vomir, ça aurait été dans l’auto, car il n’était pas question d’ouvrir les portes.
Ça a pris 1h15 avant que le ciel passe du noir au gris et que la visibilité s’améliore. Ça a pris 60 km avant de dire qu’on pouvait respirer l’air. On a croisé une auto sur le bord de la route et on a eu une pensée pour deux gars en pouce qu’on a vu hier. Il parait qu’il y a des touristes manquants. J’ai vraiment eu peur, mais Frank gardait son calme légendaire (cf blog sur geysir). J’étais rendue à me dire qu’il fallait contacter l’ambassade canadienne et quitter le pays au plus vite. Frank lui se disait qu’on avait juste à faire le tour de l’autre bord et qu’on pourrait finir notre voyage. On a décidé de quelque chose entre les deux (l’ambassade était fermée) : on passe la nuit à Reykjavik et on va voir demain s’il est sécuritaire d’aller dans le nord.
Il fait très beau actuellement dans la capitale. Les avions sont cloués au sol pour une durée indéterminée. Nous sommes en sécurité.
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